Au bon roman
Lu par Frédérique Panassac
Laurence Cossé
Livre paru chez Gallimard en 2009 puis dans la collection de poche Folio de Gallimard également en 2009 (459 pages)
C'est en même temps un roman noir et un roman sur la littérature. Sur le rôle qu'elle joue dans notre vie pour peu que nous choisissions de lire les "bons romans".
La démarche paraît un peu élitiste et c'est justement ce dont auront à se justifier les protagonistes principaux de cette histoire.
Tout commence par le récit de plusieurs agressions dont sont victimes des membres d'un comité d'auteurs, voués à choisir pour une nouvelle librairie, de "bons romans" et à en dresser la liste.
La librairie a pour enseigne "Au bon roman", ce qui annonce la couleur.
Le livre relate de manière entrecroisée l'enquête sur les agressions et le parcours semé d'embûches de deux libraires, Yvan et Francesca, secondés par plusieurs employés dévoués à cette cause.
Ils prétendent ne proposer à leurs clients que de bons romans, dont chaque membre d'un comité secret est chargé d'établir une liste renouvelable.
Ils excluront de cette liste les romans d'auteurs comme Marc Levy ou Dan Brown (jusque là tout est normal...) mais aussi l'œuvre de Houellebecq (tiens, tiens...) pour leur préférer des auteurs, connus ou moins connus, qu'ils jugent indispensable d'avoir lus au cours de sa vie.
Cette démarche exaspère la concurrence et l'équipe, dont la librairie a pu ouvrir au carrefour de l'Odéon grâce au financement de Francesca, une riche héritière, se trouve en butte à des manoeuvres déloyales, tentatives de déstabilisation, articles sournois dans la presse.
L'enquête sur les agressions progresse lentement et l'auteur met ce temps à profit pour proposer à notre curiosité des titres de romans et des noms d'auteurs à connaître de toute urgence. Parallèlement ,une histoire d'amour peu conventionnelle se noue entre les personnages.
L'auteur finit par nous faire complètement oublier toutes les accusations d'élitisme au profit de la narration assez complexe qui noue de nombreux fils aboutissant finalement à la sortie du labyrinthe, non sans faire de victimes collatérales.
On a peine à résister à prendre des notes en lisant le roman: pour échapper à cette tendance on pourra toujours utiliser de nombreux marque-pages pour pouvoir noter tous les passages d'un bloc après avoir fini de lire.
Il ne faut pas non plus se laisser décourager par certaines digressions, mais pas pour autant lire en diagonale de peur d'échapper à de nombreux joyaux comme ce passage sous la plume de Francesca:
"Nous voulons des livres nécessaires, des livres qu'on puisse lire le lendemain d'un enterrement, quand on n'a plus de larmes tant on a pleuré, qu'on ne tient plus debout, calciné que l'on est par la souffrance;" "Nous voulons des livres écrits pour nous qui doutons de tout, qui pleurons pour un rien, qui sursautons au moindre bruit derrière nous."
J'ajouterai que le narrateur de ce roman ne nous est connu que dans les toutes dernières pages.